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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 22:48

72-noel-place-de-jaude-copie.jpg

 

Vive la nuit, j'ai levé l'ancre

A moi les pluies d'asteroïdes

Et les comètes à l'oeil livide

Diamants éparpillés dans l'encre

A moi les étoiles de miel

Fleurs de topaze et de rubis

A moi le silence éternel de l'espace infini

 

Couplet 2 de la chanson : Terre-lune de Boris VIAN

 

Photo : Aski2  Lomo Fisheye - double expo - travail psd : solarisation d'incrustation ...

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21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 23:10

jajaOn n'oublie rien

 

On n'oublie rien, de rien

On n'oublie rien du tout

On n'oublie rien de rien

On s'habitue, c'est tout

 

Ni ces départs ni ces navires

Ni ces voyages qui nous chavirent

De paysages en paysages

Et de visages en visages

Ni tous ces ports, ni tous ces bars

Ni tous ces attrape-cafard

Où l'on attend le matin gris au cinéma de son wisky

Ni tout cela, ni rien au monde

Ne sait pas nous faire oublier

Ne peut pas nous faire oublier

Qu'aussi vrai que la terre est ronde

....................................................................

 

Ni même ce temps où j'aurais fait

Mille chansons de mes regrets

Ni même ce temps où mes chansons

Prendront mes rides pour un sourire

Ni ce grand lit où mes remords

ont rendez-vous avec la mort

Ni ce grand lit que je souhaite

A certains jours comme une fête

Ni tout celà ni rien au monde

Ne sait pas nous faire oublier

Ne peut pas nous faire oublier

Qu'aussi vrai que la terre est ronde

                          Jacques Brel Poesie1 Vagabondages  Dec. 2000 - Ed Le Cherche Midi

 

Photo Aski2  - app. Lomo 4objectifs -

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 20:13

72 marché de trajan

marché de Trajan

 

Nouveau venu qui cherche Rome en Rome

et rien de Rome en Rome n'aperçois,

Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,

Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme .

 

Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme

Celle qui mit le monde sous ses lois,

Pour dompter tout, se dompta quelque fois,

Et devint proie au temps, qui tout consomme.

 

Rome de Rome est le seul monument,

et Rome Rome a vaincu seulement .

Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit,

 

Reste de Rome, Ô mondaine inconstance !

Ce qui est ferme, est par le temps détruit,

Et ce qui fuit, au temps fait résistance.

 

(...)

 

Joachim Du Bellay -Les Antiquités de Rome.

 

Photo : Aski2 : lomo - oeil de poisson.

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 16:19
72 charivari de billom 2012                    photo: Aski2 lomo fisheye.
  « Le Vieux Saltimbanque »

Partout s’étalait, se répandait,s'ébaudissait le peuple en vacances. C’était une de ces solennités sur lesquelles, pendant un long temps, comptent les saltimbanques, les faiseurs de tours, les montreurs d’animaux et les boutiquiers ambulants, pour compenser les mauvais temps de l’année.

En ces jours-là il me semble que le peuple oublie tout, la douleur et le travail ; il devient pareil aux enfants. Pour les petits c’est un jour de congé, c’est l’horreur de l’école renvoyée à vingt-quatre heures. Pour les grands c’est un armistice conclu avec les puissances malfaisantes de la vie, un répit dans la contention et la lutte universelles.

L’homme du monde lui-même et l’homme occupé de travaux spirituels échappent difficilement à l’influence de ce jubilé populaire. Ils absorbent, sans le vouloir, leur part de cette atmosphère d’insouciance. Pour moi, je ne manque jamais, en vrai Parisien, de passer la revue de toutes les baraques qui se pavanent à ces époques solennelles.

Elles se faisaient, en vérité, une concurrence formidable : elles piaillaient, beuglaient, hurlaient. C’était un mélange de cris, de détonations de cuivre et d’explosions de fusées. Les queues-rouges et les Jocrisses convulsaient les traits de leurs visages basanés, racornis par le vent, la pluie et le soleil ; ils lançaient avec l’aplomb des comédiens sûrs de leurs effets, des bons mots et des plaisanteries d’un comique solide et lourd comme celui de Molière. Les Hercules, fiers de l’énormité de leurs membres, sans front et sans crâne, comme les orang-outangs, se prélassaient majestueusement sous les maillots lavés la veille pour la circonstance. Les danseuses, belles comme des fées ou des princesses, sautaient et cabriolaient sous le feu des lanternes qui remplissaient leurs jupes d’étincelles.

Tout n’était que lumière, poussière, cris, joie, tumulte ; les uns dépensaient, les autres gagnaient, les uns et les autres également joyeux. Les enfants se suspendaient aux jupes de leurs mères pour obtenir quelque bâton de sucre, ou montaient sur les épaules de leurs pères pour mieux voir un escamoteur éblouissant comme un dieu. Et partout circulait, dominant tous les parfums, une odeur de friture qui était comme l’encens de cette fête.

Au bout, à l’extrême bout de la rangée de baraques, comme si, honteux, il s’était exilé lui-même de toutes ces splendeurs, je vis un pauvre saltimbanque, voûté, caduc, adossé contre un des poteaux de sa cahute ; une cahute plus misérable que celle du sauvage le plus abruti, et dont deux bouts de chandelles, coulants et fumants, éclairaient trop bien encore la détresse.

Partout la joie, le gain, la débauche ; partout la certitude du pain pour les lendemains ; partout l’explosion frénétique de la vitalité. Ici la misère absolue, la misère affublée, pour comble d’horreur, de haillons comiques, où la nécessité, bien plus que l’art, avait introduit le contraste. Il ne riait pas, le misérable ! Il ne pleurait pas, il ne dansait pas, il ne gesticulait pas, il ne criait pas ; il ne chantait aucune chanson, ni gai ni lamentable ; il n’implorait pas. Il était muet et immobile. Il avait renoncé, il avait abdiqué. Sa destinée était faite.

Mais quel regard profond, inoubliable, il promenait sur la foule et les lumières, dont le flot mouvant s’arrêtait à quelques pas de sa répulsive misère ! Je sentis ma gorge serrée par la main terrible de l’hystérie, et il me sembla que mes regards étaient offusqués par ces larmes rebelles qui ne veulent pas tomber.

Que faire ? À quoi bon demander à l’infortuné quelle curiosité, quelle merveille il avait à me montrer dans ces ténèbres puantes, derrière son rideau déchiqueté ? En vérité, je n’osais ; et, dût la raison de ma timidité vous faire rire, j’avouerai que je craignais de l’humilier. Enfin, je venais de me résoudre à déposer en passant quelque argent sur une de ses planches, espérant qu’il devinerait mon intention, quand un grand reflux de peuple, causé par je ne sais quel trouble, m’entraîna loin de lui.

Et, m’en retournant, obsédé par cette vision, je cherchai à analyser ma soudaine douleur, et je me dis : Je viens de voir l’image du vieil homme de lettres qui a survécu à la génération dont il fut le brillant amuseur ; du vieux poëte sans amis, sans famille, sans enfants, dégradé par sa misère et par l’ingratitude publique, et dans la baraque de qui le monde oublieux ne veut plus entrer !

 

Charles Baudelaire  : Petits poëmes en prose. postumes 1869.

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 09:55

1200magasin copie

   ... Où se trouve le mouvement, se trouve encore le temps.Où le mouvement n'est plus, le temps s'abroge . Le désert, c'est l'éternité.

   On n'habite pas assez le désert. L'homme a pris l'habitude de bâtir dans les villes, et de manger l'escalope de veau qui nécessite d' abondants pâturages. C'est ce qui nous perd. L'homme de la grande époque habitait au désert, où il se nourrissait de sauterelles et de poussière fine.Son esprit survolait les choses. On a même vu Simeon Stylite habiter au haut d'une colonne, où un corbeau le faisait vivre d'un petit pain.

   L' homme habitait au dessus de son étage personnel, dans l'ascenseur, cent mètres au dessus de lui même. Il laissait sa guenille à la porte.

   Tel fut-il. Quels sommes nous?

   L'homme ne devrait loger qu'en face des mers ou des grands fleuves, sur les montagnes ou au désert. En Auvergne,en Patagonie. Or il loue à Pantin ou Massy-Palaiseau.[ ... ]

   .Dès que l'homme réfléchit un peu, il aspire à quitter ces bas fonds déprimants. Même mort. Et il a bien raison.

   J'avais à Clermont une parente. Elle ne voulut pas y être enterrée.Elle voulut être enterrée à Orcines. Qui est bien plus haut. Presque en haut du Puy de Dôme. " Il y a plus de vue" expliquait elle. C'est le bon sens même.  Plus on s'élève, plus on voit loin.

 Alexandre Vialatte - Dernières nouvelles de l'homme - Le désert, c'est l'éternité -  Presse pocket n° 2094

 

photo: Aski2 : commerce toulousain.

appareil: lomographie fisheye 2: 2vit:1/100 et pose B, Diaph.8, sensibilité de la pell. 200 ou 400 iso, flash integré si besoin (mange pile), griffe de flsh ext pour 2ème déclic : si pose B: flash int à l'ouverture puis flash ext. à la fermeture, viseur oeil de boeuf >> erreur de parallaxe garantie en pose rapprochée >>la  visée au pif  reste efficace.négatif scanné puis dépétouillé puis rehausse des couleurs...et pour 40€ d'appareil ça en jette ! (cf série rouge les pompiers de ceyrat , série Toulouse...).

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